03.06.2025
⬆️ Détail numérique de la plus grande sérigraphie jamais réalisée. Ocean Rebellion la dévoilera lors de l'exposition. Conférence des Nations unies sur les océans à Nice. Contactez-nous pour plus d'informations.
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Par Chris Armstrong, professeur de théorie politique à l'université de Southampton et auteur de Un New Deal bleu : pourquoi nous avons besoin d'une nouvelle politique pour l'océan et le prochain Justice globale et crise de la biodiversité : La conservation dans un monde d'inégalités.
La dernière superproduction de David Attenborough, OcéanLe film, intitulé "La pêche industrielle", sort aujourd'hui dans les salles de cinéma du monde entier. Le film se concentre sur le carnage causé par la pêche industrielle dans les océans, et il le montre de manière très percutante. La partie centrale du film, qui suit le faisceau d'un chalutier de fond en train de démolir tout ce qui se trouve au fond de la mer, est véritablement traumatisante à regarder. Lors de la séance de cinéma à laquelle j'ai assisté, un silence stupéfait s'est installé. Même si je connaissais déjà les effets du chalutage de fond, ces séquences sont inoubliables.
Il est difficile d'imaginer une démonstration visuelle plus convaincante du mal que nous faisons à la planète. C'est pourquoi plus le film sera vu, mieux ce sera. Il est possible que le film suscite un débat démocratique plus large sur des pratiques telles que le chalutage de fond (le film montre également le dragage des coquilles Saint-Jacques, qui est plus modeste en termes d'échelle mais tout aussi destructeur).
Le film doit également être salué pour sa discussion explicite des pratiques de pêche néocoloniales qui mutilent l'océan et appauvrissent de nombreuses communautés côtières. Le film s'est également efforcé de s'inspirer des points de vue autochtones et non occidentaux, en plus des voix habituelles de l'Atlantique Nord.
⬆️ Affiche numérisée de la campagne d'Ocean Rebellion contre le chalutage de fond. Ocean Rebellion organisera un atelier à 'La Baleineentre 10h00 et 15h00, le 7 juin, à la conférence des Nations unies sur les océans à Nice. Contactez-nous pour plus d'informations.
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Mais il y a des histoires que le film ne raconte pas.
Tout d'abord, le film ne s'attaque pas à la racine du problème : une forme de capitalisme extrêmement destructrice. Attenborough note que la pêche en haute mer est extrêmement destructrice et largement subventionnée. Il ne se demande pas POURQUOI les gouvernements paieraient des entreprises déficitaires pour saccager l'environnement. Pour le savoir, il faut comprendre la nature du capitalisme rentier et voir comment l'élaboration des politiques a été confisquée par une élite économique restreinte, de sorte que la "politique des océans" en est venue à signifier "politique de la pêche" et que la "politique de la pêche" en est venue à être synonyme de rentabilité pour les plus riches d'entre les riches. C'est une histoire que Guy Standing a déclaré à clairement et bien.
Mais le film ne fait pas vraiment de politique. Il s'inscrit confortablement dans l'idée que la destruction de l'environnement est un problème auquel nous pouvons nous attaquer grâce à une meilleure science et à de meilleures données. La science est très importante, mais les solutions seront par définition des solutions politiques. Pour progresser, il faudra s'engager auprès des institutions qui ont si mal gouverné l'océan jusqu'à présent et les remettre en question. Dans les dernières sections du film, Attenborough évoque avec approbation l'objectif des Nations unies de protéger 30 % des océans d'ici à 2030. Mais il aurait été opportun de noter ici que tous les objectifs précédents de l'ONU en matière de biodiversité ont été manqués, et que celui-ci risque fort de l'être également, et de loin. Le modèle de conservation actuel ne fonctionne tout simplement pas. Le "business as usual" nous entraîne vers une catastrophe écologique.
L'approche du film sur le changement climatique est également limitée. Attenborough tient à souligner la contribution que les écosystèmes renaissants pourraient apporter à l'absorption du carbone. C'est un message important. De même, il souligne la terrible contribution du chalutage de fond au climat, en remuant d'énormes quantités de carbone actuellement contenues dans les fonds marins (en raison de l'absence d'un système de contrôle de la qualité). quelques réflexionsL'impact du chalutage de fond sur le climat est aussi important que celui de l'aviation mondiale, ce qui constitue une autre raison de l'interdire.)
⬆️ Un autre océan est possible‘ Assemblée à 'La BaseVenez nous rejoindre de 11h00 à 13h00, le 8 juin, à Nice. Contactez-nous pour plus d'informations.
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Mais le film tend à donner l'impression que si seulement nous pouvions faire reculer la pêche industrielle, l'océan se rétablirait. Les sections consacrées aux récifs coralliens laissent entendre qu'une fois la pêche industrielle réduite, les poissons de récifs reviendront et grignoteront les algues qui recouvrent de nombreux récifs coralliens.
Ce n'est toutefois qu'une partie du problème. Bien que la pêche industrielle soit un problème majeur, la plus grande menace qui pèse sur les récifs coralliens est le changement climatique. Si nous ne réduisons pas radicalement et rapidement nos émissions, la grande majorité des récifs tropicaux du monde seront morts, et bientôt. La pêche industrielle est importante et constitue une menace majeure pour la vie dans les océans et sur l'ensemble de la planète. Mais l'océan est confronté à de nombreuses menaces, chacune d'entre elles nécessitant une attention concertée.
En bref, le film fait un excellent travail en mettant en lumière certains des problèmes auxquels l'océan est confronté, ainsi que certaines des solutions. L'impératif, cependant, est de créer une politique de l'océan vivante et contestataire, qui remette en question le statu quo et offre un aperçu des autres avenirs qui s'offrent à nous. Comme l'expliquera Ocean Rebellion à l'occasion de la conférence de l Conférence des Nations unies sur les océans à Nice, "Un autre océan est possible". Pour y parvenir, il faudra non seulement plus de science et plus d'images fascinantes, mais aussi plus de politique, plus de contestation et plus de responsabilisation des pouvoirs. La politique de l'océan est un échec, et nous méritons mieux.
Ocean Rebellion participera à la Conférence des Nations Unies sur l'Océan à Nice. Si vous voulez plus d'informations sur ce que nous ferons CONTACTEZ-NOUS